L’histoire de la découverte de l’Australie est certainement l’une des plus extrêmes du monde. Cette mythique “Terra Australis” a intrigué bon nombre d’hommes dès l’Antiquité. Les habitants originaires de l’Australie sont les Aborigènes arrivés il y a plus de 40 000 ans d’Asie, après la fonte des glaces sur le globe. Les historiens estiment ainsi qu’à l’arrivée des premiers colons en 1778, le peuple aborigène comptait environ 300 000 personnes réparties sur toute l’île. On vous en dit plus sur l’histoire jeune mais marquée de l’île continent.
Les premiers habitants : les Aborigènes d’Australie
Les premiers habitants de l’Australie, les Aborigènes, sont arrivés il y a environ 50 000 à 65 000 ans, selon les dernières découvertes scientifiques. Ce peuple semi-nomade s’est répandu sur tout le continent, s’adaptant aux différents environnements, de l’aridité du désert central aux forêts tropicales du nord. Les Aborigènes vivaient principalement de la chasse, de la pêche, et de la cueillette, développant des outils sophistiqués comme le boomerang, mais aussi des techniques de gestion des terres, telles que l’utilisation du feu pour régénérer la végétation.
La culture aborigène se distingue par une connexion profonde avec la terre et une spiritualité centrée sur le « Temps du Rêve » (ou Dreamtime), une période mythologique qui raconte la création du monde et l’apparition des premiers êtres humains. Les rituels, les danses, les chants et l’art corporel jouent un rôle crucial dans la transmission de ces récits, qui varient d’une communauté à l’autre.
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Découverte de l’Australie par les explorateurs
Les premiers explorateurs
Depuis l’Antiquité, les Européens avaient imaginé l’existence d’une terre australe mystérieuse, souvent appelée « Terra Australis ». Ce n’est cependant qu’à partir du XVIe siècle que les explorations européennes commencèrent réellement, en particulier grâce aux navigateurs portugais et espagnols.
En 1606, l’explorateur espagnol Luis Vaez de Torres fut le premier Européen à traverser le détroit qui sépare la Nouvelle-Guinée de l’Australie, désormais connu sous le nom de détroit de Torres. La même année, le Hollandais Willem Janszoon réalisa le premier débarquement documenté en Australie, accostant sur la côte ouest de l’île. Il croyait avoir découvert la Nouvelle-Guinée, mais ne trouva ni ressources précieuses ni épices. Dans son journal, il décrivit cette terre comme aride et habitée par des populations qu’il considérait comme « sauvages ».
En 1642, le navigateur néerlandais Abel Tasman explora la côte sud de la Tasmanie, qu’il nomma Van Diemen’s Land. Plus tard, en 1688, l’Anglais William Dampier aborda le nord de l’Australie. Comme ses prédécesseurs, il trouva l’environnement hostile et peu attrayant, et ne rapporta pas de découvertes significatives.
Le premier accostage significatif
Ce n’est qu’en 1770 que le capitaine britannique James Cook, à bord de l’Endeavour, accosta au sud-est de l’Australie. Accompagné de deux botanistes, Cook explora la région, notamment la baie riche en flore et faune, qui fut baptisée Botany Bay. Cette baie se situe un peu au sud de ce qui est aujourd’hui Sydney. Cook prit possession de la côte Est au nom du roi George III et la nomma New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud).
À l’époque de l’arrivée de Cook, l’Australie était déjà habitée par plusieurs centaines de tribus aborigènes, chacune avec sa propre langue, ses lois et ses territoires tribaux. Cette culture est considérée comme l’une des plus anciennes et continues au monde. Malgré la présence ancienne et bien établie des Aborigènes, les Britanniques déclarèrent l’Australie comme « terra nullius » (terre n’appartenant à personne) et l’approprièrent au nom de la couronne britannique, ignorant les droits et les traditions des habitants autochtones.
Déportation vers l’Australie et première colonie
Au XVIIIe siècle, les prisons anglaises étaient surpeuplées, et le taux de criminalité en augmentation constante. Face à cette situation, le gouvernement britannique cherchait des solutions pour désengorger ses établissements pénitentiaires. C’est dans ce contexte que l’idée de déporter les criminels vers une terre lointaine prit forme. En 1787, il fut décidé que l’Australie deviendrait une colonie pénitentiaire. Le 26 janvier 1788, jour désormais célébré comme « Australia Day », la première flotte de navires, connue sous le nom de First Fleet, accosta à Botany Bay, marquant le début de la colonisation européenne.
Les premiers arrivants, composés principalement de détenus, de gardiens et de soldats, établirent une colonie à Port Jackson, aujourd’hui Sydney. La colonie s’étendit progressivement vers l’ouest, au détriment des terres aborigènes. Entre 1788 et 1868, plus de 160 000 prisonniers furent exilés en Australie.
En 1801, Matthew Flinders réalisa le premier tour complet de l’Australie par la mer, démontrant ainsi que le continent était une seule île, et non un groupe d’îles comme certains l’avaient supposé.
Arthur Phillip, premier gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud (New South Wales), avait pour mission de nouer des relations avec les Aborigènes et de « vivre dans l’amitié et la bonté » avec eux. Cependant, l’expansion coloniale, les conflits, l’introduction de l’alcool, et les maladies européennes eurent des conséquences dévastatrices sur les populations indigènes, qui se trouvèrent confrontées à des conditions de vie extrêmement difficiles.
Le continent se développe
Petit à petit, les explorations vers l’intérieur du continent continuent permettant ainsi la création de nouvelles colonies. Au cours de la première moitié du 19ème siècle, les villes de Brisbane, Perth, Melbourne et Adelaïde se forment. De même pour les différents états australiens qui commencent à voir le jour : Western Australia, Victoria, South Australia et Queensland.
Le milieu du 19ème siècle est marqué par la ruée vers l’or. Des gisements sont alors découverts dans le New South Wales et le Victoria. Des immigrants, attirés par les perspectives de profits, affluent alors de toute part : Europe, Amérique du Nord et Asie, provoquant ainsi une rapide expansion de la population. L’Australie est alors en plein essor économique et se développe en tant que nation industrielle.
L’Australie au 20ème siècle
En 1901, les six colonies se fédèrent en une seule nation. Cette union se forme autour de l’idée selon laquelle l’Australie doit rester « européenne » et fortement liée à la Grande-Bretagne . Mais aussi autour de la « politique de l’Australie blanche » restreignant alors fortement l’immigration.
En 1914, le Royaume-Uni entre en guerre et par extension l’Australie aussi. En voulant défendre la « mère-patrie », 60 000 Australiens engagés périrent. La bataille de Gallipoli en Turquie fût particulièrement marquante. C’est ainsi que l’ANZAC Day (25 avril), commémorant cette bataille très meurtrière, est né.
S’en suit un dynamisme d’après-guerre puis la Grande Dépression vient frapper le pays à l’aube d’une nouvelle guerre mondiale. La bataille touche cette fois le sol Australien lorsque Darwin, Broome et Townsville sont bombardées par les Japonais. Les Alliés sortent finalement vainqueurs de cette guerre et l’immigration d’après-guerre reprend. En 1959, le pays compte alors 10 millions d’habitants.
En parallèle, le sort des Aborigènes, victimes d’une politique d’assimilation forcée fait réagir de plus en plus. Ils obtiennent enfin la citoyenneté australienne (1948) dans un premier temps et les droits qui vont des années plus tard (1967).
L’Australie de nos jours
Le pays, ouvert sur le monde, jouit aujourd’hui d’une grande multiculturalité. Cette riche diversité se traduit notamment par la création de quartiers comme Little Italy ou encore Chinatown dans la plupart des grandes villes australiennes.
C’est un pays avant-gardiste avec une population ouverte d’esprit qui favorise les libertés individuelles. L’Australie est d’ailleurs le premier pays au monde à accorder le droit de vote aux femmes avec la Nouvelle-Zélande (1894) et c’est aussi un des pays les plus « LGBT-friendly » au monde comme a pu en attester la World Pride s’étant déroulée à Sydney en 2023. Le pays s’impose aussi comme une puissance majeure lors des Jeux Olympiques de 2000 qui se sont tenus à Sydney et se tiendront à Brisbane en 2032.
Cependant, cette nation jeune, riche et forte rencontre encore de nombreux défis sociaux et environnementaux. Depuis plusieurs années, l’emploi du terme « invasion » pour décrire la colonisation de l’Australie se généralise, tout en demeurant controversé.
Bien que des excuses aient été formulées aux Aborigènes dans le passé, le sujet reste encore délicat. Effectivement, ceux-ci ne sont pas réellement intégrés dans la société et restent marginalisés et discriminés. Ils sont moins d’un demi-million et se concentrent principalement dans le Territoire du Nord (Alice Springs et Darwin) et aussi à Cairns dans le Queensland. La population Aborigène est particulièrement touchée par la délinquance, l’alcoolisme, la pauvreté et le suicide. 25% des détenus en prisons sont d’origine indigène, ce chiffre vient appuyer la preuve de cette marginalisation. Des avancées ont été accomplies ces dernières années mais des progrès restent encore à faire. Ainsi l’Australia Day (aussi appelé « Invasion Day » par certains) ne fait pas l’unanimité et suscite des débats.
La politique environnementale
Côté environnement, l’Australie possède une faune et une flore très variée, elle accueille des sites naturels exceptionnels tels que la Grande Barrière de Corail. Cependant, ce patrimoine naturel si précieux est en danger. Effectivement, le continent est frappé de plein fouet par les effets du réchauffement climatique. Entre sécheresses intenses, inondations de plus en plus régulières et feux de forêt dévastateurs, l’Australie est particulièrement impactée.
Bien que la situation soit alarmiste, le pays continue son développement. Il est notamment le premier exportateur de charbon au monde. Ainsi, grandement dépendant de son charbon, c’est plus de 16 tonnes de CO2 par habitant qui sont émises chaque année contre 6,9 pour les pays de l’UE. L’Australie est un gros pollueur. D’après l’Agence internationale de l’énergie en 2016, ce serait même le deuxième pays le plus polluant par habitant au monde derrière l’Arabie Saoudite. Il y a donc encore de nombreux progrès à faire dans ce domaine.