Peu de gens le savent, mais bien après l’extinction des dinosaures, l’Australie a accueilli sur ses terres d’étranges créatures. Ces animaux gigantesques ont régné en maître sur le continent océanien. Les quelques animaux dangereux d’Australie que l’on peut trouver aujourd’hui n’ont qu’à bien se tenir ! Focus sur six espèces de la megafaune australienne répertoriées par les chercheurs et scientifiques.
Qu’est ce que la MégaFaune ?
Pendant la majeure partie du passé humain de l’Australie, le niveau des mers était plus bas qu’aujourd’hui. Le continent australien est relié à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et à la Tasmanie en tant que partie d’une plus grande masse continentale appelée « Sahul ».
Pendant les périodes glaciaires, le Sahul abritait une gamme unique de mégafaune, qui comprenait des marsupiaux, des oiseaux et des reptiles géants. Comme d’autres régions durant les périodes glaciaires (la période connue sous le nom de Pléistocène), Sahul abritait l’énigmatique mégafaune. Le terme « mégafaune », tel qu’il est utilisé en Australie, s’applique généralement aux animaux anciens (plus de 50 000ans) qui pesaient plus de 44 kg.
Le wombat géant (ou Diprotodon)
Le Diprotodon, qui signifie « deux dents vers l’avant », est connu comme le plus grand marsupial ayant vécu sur terre. Ses fossiles ont été trouvés dans de nombreux sites à travers tout le continent australien depuis les 100 dernières années. Le wombat géant a occupé l’Australie il y a 1,6 million d’années. Trois mètres de long pour un poids allant de 2 à 3 tonnes, l’animal était craint de par son impressionnante envergure. Sa démarche, plutôt lente, est assimilée à celle du rhinocéros à une différence près. Le wombat marchait sur ses 2 pattes arrière, comme le font les humains, pour déplacer plus facilement son énorme poids.
Certaines théories prétendent que le wombat pouvait affiner ou renforcer son pelage en fonction des saisons. On le compare souvent au bunyips (diable-esprit) dont il est question dans les légendes aborigènes. Son extinction reste un débat sans réponse auprès des scientifiques : certains penchent pour un changement climatique extrême que l’espèce n’a pas supporté, d’autres sont convaincus que l’arrivée des premiers Hommes sur le territoire à affecter leur espérance de vie.
Le kangourou géant (ou Procoptodon goliath)
Sa taille pouvait atteindre jusqu’à 3 mètres de haut, soit le triple de celle du kangourou actuel, pour un poids de 230 kilos. Le kangourou géant a vécu dans l’Australie-Méridionale et Occidentale à l’époque de Neandertal. Physiquement, il ressemble beaucoup à son descendant à quelques détails près : son museau est beaucoup plus court, il permet à l’animal de jouir d’une mâchoire plus puissante. Ses genoux et hanches plus larges lui offrent une meilleure stabilité, ainsi qu’une colonne vertébrale plus rigide. Leur musculature plus petite que les kangourous d’aujourd’hui les empêchait de sauter mais il pouvait courir à haute vitesse grâce à leur pieds en sabots, semblables à ceux des chevaux. Néanmoins, ils seraient restés des proies parfaites pour les premiers humains en Australie.
Le genyornis
Cet oiseau coureur semble être un cousin proche de l’émeu (un des symboles de l’Australie). Tous les deux sont incapables de voler. Avec un poids de 200 kilos pour 2 mètres de haut, sespetites ailes ne parviennent pas à l’élever dans les airs. Bien qu’il soit omnivore, le genyornis aime se nourrir de végétaux très spécifiques. Cette exigence va le rendre très vulnérable lors des transformations de son environnement. Son manque d’adaptation causera sa perte. Des fragments de coquilles d’œuf ont été retrouvés au cœur de dunes de sable. Les œufs de Genyornis pesaient jusqu’à 1,6 kg (presque le double du volume des œufs d’émeu). Il a été reconnu une forte cohabitation entre genyornis et humains grâce à des peintures pittoresques et des empreintes de pas dans de nombreux sites historiques australiens.
Le varan géant (ou Megalania prisca)
Le varan géant est assimilé par de nombreux scientifiques au dragon de Komodo. Ce carnivore peut atteindre 5 mètres de long et peser jusqu’à une tonne. Ses proportions sont bien différentes de celles d’autres varans. L’humérus (os du bras supérieur) est exceptionnellement large. Les varanidés sont plus étroitement liés aux serpents qu’aux autres lézards. Ils seraient arrivés en Australie depuis l’Asie à travers les microcontinents et seraient plutôt restés concentrer sur la côte Est du continent. Un reptile craint par de nombreuses espèces dû à sa salive toxique et par les premiers aborigènes qui l’ont côtoyé. En Nouvelles-Galles du sud, plusieurs personnes ont déclaré avoir aperçu des varans géants. Certains auraient-ils subsisté jusqu’à notre époque ?
Le lion marsupial
Dans l’ère glaciaire australienne, le lion marsupial occupe la première place de la chaîne alimentaire. Considéré comme un « super-prédateur » il a des griffes rétractables, des dents aiguisées et une capacité d’adaptation à toute épreuve malgré sa petite taille :1,75mètre de long pour seulement 0,75 m de hauteur. Plus petit qu’un lion et plus grand qu’un léopard, il est considéré comme le roi des animaux de son aire. Ses morsures étaient d’environ 80% aussi fortes qu’un gros lion, lui permettant d’écraser les os avec ses mâchoires puissantes. Contrairement à ces derniers, il n’était pas très sociable et chassait ses proies seul. Malgré son apparence féline, il est assimilé à la famille des marsupiaux. À ce jour, seules 2 dents de cet animal ont été retrouvées parmi les millions de fossiles encore enfouis en Australie.
La tortue géante (ou Meiolania)
La tortue géante serait une espèce éteinte depuis 2000 ans. Ses derniers exemples ont été trouvés sur une île du Vanuatu (îles malaisiennes au nord de la Nouvelle-Calédonie française). Ses premières traces, quant à elles, dateraient d’environ 30 millions d’années. Des fossiles ont été aperçus sur le continent Australien, et en particulier sur l’île de Lord Howe (État du New South Wales). La tortue Meiolania n’aurait donc pas disparu au même moment que la mégafaune australienne, il y a environ 50 000 ans. Ces tortues longues de 2 mètres 50 étaient pourtant des proies faciles pour les prédateurs : ornées de 2 grandes cornes de chaque côté, il était impossible pour ces tortues de rentrer leur tête entièrement dans leur carapace.
La disparition de la Mégafaune
La façon dont la mégafaune de Sahul s’est éteinte ne fait pas l’unanimité. Depuis 1831, date à laquelle l’anatomiste Sir Richard Owen a reçu des fossiles de mégafaune de Wellington Cave en Nouvelle-Galles du Sud et, dix ans plus tard, de Darling Downs dans le Queensland, les spéculations vont de bon train sur la façon dont la mégafaune s’est éteinte.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la disparition de ces animaux gigantesques mais la plus plausible implique les actions de l’homme.
La cause humaine
Les premiers aborigènes ont vécu pendant 5000 ans en cohabitation avec la Mégafaune. L’homme se servait beaucoup du feu : pour se chauffer, cuire la viande, mais également pour se frayer un passage, préparer le terrain pour des plantes comestibles ou encore pour repousser les prédateurs.
L’homme aurait chassé ces animaux pour nourrir sa tribu. À cette époque, les espèces se reproduisent beaucoup plus lentement. Si les proies choisies étaient jeunes, la disparition était enclenchée. En outre, avec la multiplication des feux, la flore s’est modifiée ne laissant place qu’à certaines espèces de végétaux. Le bouleversement des habitudes alimentaires aurait ainsi perturbé plusieurs espèces, dont le genyornis connu pour son régime alimentaire très particulier. Les herbivores auraient succombé les premiers, laissant les carnivores de plus en plus vulnérables.
Le changement climatique
Au regard des récentes découvertes, cette hypothèse s’affaiblit de plus en plus. L’ère glaciaire aurait entraîné d’importants changements climatiques. Ainsi, les espèces de la Mégafaune, habituées à un climat aride, n’auraient pas survécu à une différence de températures. Néanmoins, des études prouvent que ces animaux ont déjà été confrontés à d’autres périodes glaciaires sans le moindre problème.
Les récentes découvertes sur la MégaFaune
La Méga Faune est un sujet qui passionne, de nombreux scientifiques l’étudient et notamment cherchent les causes de sa disparition. De nombreux articles sont récemment sortis abordant ce terme.
Dans des articles très intéressants, les chercheurs se sont penchés sur la cohabitation entre les hommes et la méga faune. Pour résumer, ils affirment que leurs recherches étendent la période probable de chevauchement entre la méga faune et l’homme à environ 50 000 ans. Elle apporte de nouvelles preuves contre la théorie selon laquelle les populations de Sahul ont provoqué l’extinction de la mégafaune. Retrouvez toutes les informations ICI.
D’autres études se sont penchées sur des fragments d’œufs. En effet, à partir des années 1980, les chercheurs ont trouvé des fragments de coquilles d’œufs, et plus rarement des œufs entiers, dans des dunes de sable dans les zones arides d’Australie.
Une partie des coquilles correspondait à des œufs pondus par des émeus, mais le reste appartenait à une espèce mystérieuse. Avec l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle, une équipe a résolu une controverse scientifique, montrant que le Genyornis était bien l’oiseau qui a pondu ces œufs. Le Genyornis était un oiseau incapable de voler, mesurant entre 2 et 2,5 mètres, qui parcourait autrefois les plaines australienne. Les fragments de coquille d’œuf constituent une importante source de preuves sur cette créature disparue.
Certains des fragments de coquille ont 400 000 ans, tandis que les plus jeunes ont environ 50 000 ans. Des travaux antérieurs ont montré que certaines des coquilles d’œufs avaient été brûlées. Les tests scientifiques indiquent que les humains ont cuit les œufs pour les manger. La période où les coquilles de Genyornis disparaissent (il y a 50 000 ans) coïncide avec ce que l’on pense être la première arrivée des humains en Australie. Cette découverte soulève donc la possibilité que notre espèce ait contribué à son extinction.
Accès à l’article complet (en anglais) ICI.
Documentaire sur la Méga Faune en Australie
Crédits photo : Mick Hartley // Museum Victoria // Photobucket // E-monsite
J’en connais qui ont lu Sapiens 😉