Bien après l’extinction des dinosaures, l’Australie a accueilli sur ses terres d’étranges créatures… Ces animaux gigantesques à l’allure abracadabrante ont régné en maître sur le continent pendant plus de 20 000 ans. Focus sur six espèces de la mégafaune australienne répertoriées par les chercheurs et scientifiques.
Durant quelle période la mégafaune a-t-elle existé ?
C’est à l’aube du Quartenaire durant le Pléistocène (dernier maximum glaciaire) soit il y a environ 20 000 ans que la mégafaune est apparue. Climatiquement parlant, il s’agit de la période glaciaire. Notre planisphère était un peu différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. En effet, la proximité des pays et continents était telle que les migrations humaines et animales se faisaient plus facilement qu’aujourd’hui.
Autrefois, existait un immense territoire appelé Béringie. Il formait un isthme (pont terrestre) entre l’Alaska et la Sibérie orientale. Cet endroit n’était pas seulement d’immenses steppes glaciaires mais est rapidement devenu un lieu de passage entre les continents.
Arrivé à la fin de la dernière période glaciaire du Pléistocène, le niveau de la mer se trouve être environ 130 mètres plus bas qu’il ne l’est actuellement. Cela a permis la formation d’un autre vaste continent appelé le Sahul composé de l’Australie (dont l’île de Tasmanie), de la Nouvelle-Guinée et des îles Aru. Ces pays se rejoignent ainsi grâce à des ponts terrestres émergés. C’est donc ici qu’évoluait la mégafaune australienne, cette faune à la taille extravagante.
Par la suite, la fonte des calottes glaciaires provoqua la montée des eaux (il y a 18 000 ans environ) effaçant alors cette masse de continents. Les premiers humains à atteindre le territoire australien sont ensuite arrivés d’Asie du Sud-Est.
Qu’est ce que la mégafaune ?
La mégafaune est une gamme unique d’animaux ayant vécus au Pléistocène, principalement composée de vertébrés, pesant plus de 45 kg. Il existerait environ 1000 espèces comprenant des marsupiaux, des oiseaux ainsi que des reptiles géants.
Le wombat géant (ou Diprotodon)
Le Diprotodon, qui signifie « deux dents vers l’avant », est connu comme le plus grand marsupial ayant vécu sur terre. Ses fossiles ont été trouvés dans de nombreux sites à travers tout le continent australien durant les 100 dernières années. Le wombat géant a occupé l’Australie il y a 1,6 millions d’années jusqu’à son extinction il y a environ 46 000 ans. Il vivait dans les forêts et prairies et avait l’air d’apprécier la présence d’un point d’eau proche. Il se nourrissait de feuilles, d’arbustes et de graminées.
Trois mètres de long pour un poids allant de 2 à 3 tonnes, l’animal était craint de par son impressionnante envergure. Sa démarche, plutôt lente, est assimilée à celle du rhinocéros à une différence près : le wombat marchait sur ses 2 pattes arrière, comme le font les humains. Ainsi, il pouvait déplacer plus facilement son énorme poids. Le plus gros spécimen connu de wombat rhinocéros mesurait 3 mètres et pesait 2 800 kg.
Certaines théories prétendent que le wombat pouvait affiner ou renforcer son pelage en fonction des saisons. On le compare souvent au bunyips (diable-esprit) dont il est question dans les légendes aborigènes. Son extinction reste un débat sans réponse auprès des scientifiques : certains penchent pour un changement climatique extrême que l’espèce n’a pas supporté, d’autres sont convaincus que l’arrivée des premiers Hommes sur le territoire à affecter leur espérance de vie.
Le kangourou géant (ou Procoptodon Goliath)
Sa taille pouvait atteindre jusqu’à 2,5 mètres de haut pour 3 mètres de long, soit le triple de celle de notre kangourou actuel, pour un poids de 230/240 kilos. Le kangourou géant a vécu dans l’Australie-Méridionale et Occidentale à l’époque de Neandertal. Physiquement, il ressemble beaucoup à son descendant à quelques détails près : son museau est beaucoup plus court, il permet à l’animal de jouir d’une mâchoire plus puissante. D’autre part, ses genoux et ses hanches plus larges lui offrent une meilleure stabilité, ainsi qu’une colonne vertébrale plus rigide. Leur musculature plus petite que les kangourous d’aujourd’hui les empêchait de sauter mais il pouvait courir à haute vitesse grâce à leurs pieds en sabot, semblables à ceux des chevaux. Enfin, leur tête était de plus petite taille, cependant, leurs oreilles étaient elles, plus longues. Néanmoins, il semblerait que cette espèce fut une proie parfaite pour les premiers humains ayant vécus en Australie.
Le Genyornis
Cet oiseau coureur semble être un cousin proche de l’émeu (un des symboles actuels de l’Australie) mais avec une envergure bien plus imposante. Il réside un point en commun entre ces 2 espèces : tous les deux sont incapables de voler. Avec un poids de 200 kilos pour 2 mètres de haut, ses petites ailes ne parviennent pas à l’élever dans les airs. Bien qu’il soit omnivore, le Genyornis aime se nourrir de végétaux très spécifiques. Cette exigence va le rendre très vulnérable lors des transformations de son environnement. C’est d’ailleurs son manque d’adaptation qui causera sa perte. La forme étrange de son bec (ressemblant à celui des oies) laisse imaginer que cet oiseau se nourrissait probablement de fruits mous et de jeunes pousses, voire même de plantes aquatiques.
Des fragments de coquilles d’œuf ont été retrouvés au cœur de dunes de sable. Les œufs de Genyornis pesaient jusqu’à 1,6 kg (presque le double du volume des œufs d’émeu). Il a été reconnu une forte cohabitation entre Genyornis et humains grâce à des peintures pittoresques et des empreintes de pas dans de nombreux sites historiques australiens.
Le varan géant (ou Megalania Prisca)
Le varan géant est assimilé par de nombreux scientifiques au dragon de Komodo, il serait en réalité son ancêtre direct. Ce carnivore peut atteindre 6 à 8 mètres de long et peser jusqu’à 700 kg ! Ses proportions sont bien différentes de celles d’autres varans mais également des mensurations de notre époque. Les varanidés sont plus étroitement liés aux serpents (et varans) qu’aux autres lézards de part la taille de leur cou. Ils seraient arrivés en Australie depuis l’Asie à travers les microcontinents et seraient plutôt restés concentrer sur la côte Est de l’Australie. Le varan géant est un reptile craint par de nombreuses espèces à cause de sa salive toxique. Il était également craint des premiers aborigènes qui l’ont côtoyé de près durant cette époque.
Le lion marsupial (ou Thylacoleo Carnifex)
Dans l’ère glaciaire australienne, le lion marsupial occupe la première place de la chaîne alimentaire. Considéré comme un « super-prédateur » il a des griffes rétractables, des dents aiguisées et une capacité d’adaptation à toute épreuve malgré sa petite taille :1,75mètre de long pour seulement 0,75 m de hauteur. Plus petit qu’un lion et plus grand qu’un léopard, il est considéré comme le roi des animaux de son aire. Ses morsures étaient d’environ 80% aussi fortes qu’un gros lion, lui permettant d’écraser les os avec ses mâchoires puissantes. Contrairement à ces derniers, il n’était pas très sociable et chassait ses proies seul. Malgré son apparence féline, il est assimilé à la famille des marsupiaux. À ce jour, seules 2 dents de cet animal ont été retrouvées parmi les millions de fossiles encore enfouis en Australie.
Durant l’ère glaciaire, le lion marsupial occupe la première place de la chaîne alimentaire en Australie. Considéré comme un « super-prédateur » : il possède des griffes rétractables, des dents aiguisées ainsi qu’une capacité d’adaptation à toute épreuve malgré sa petite taille (1,75 m de long pour seulement 0,75 m de haut). Plus petit qu’un lion mais plus grand qu’un léopard, il est connu comme étant le roi des animaux de son aire. Ses morsures étaient d’environ 80% aussi fortes que celles d’un gros lion, lui permettant même d’écraser les os de ses proies avec ses mâchoires puissantes. Contrairement à ces autres félins, il n’était pas très sociable et chassait ses proies seul et non en meute. Malgré son apparence féline, il est assimilé à la famille des marsupiaux. À ce jour, seules 2 dents de cet animal ont été retrouvées parmi les millions de fossiles encore enfouis dans les terres d’Australie.
La tortue géante (ou Meiolania)
La tortue géante serait une espèce éteinte depuis 2 000 ans. Les premières traces de ce spécimen dateraient d’environ 30 millions d’années tandis que les dernières tortues géantes auraient été trouvées sur une île du Vanuatu (îles malaisiennes au nord de la Nouvelle-Calédonie). Des fossiles ont aussi été aperçus sur le continent australien, et en particulier sur l’île de Lord Howe (État du New South Wales). La tortue Meiolania n’aurait donc pas disparu au même moment que la mégafaune australienne, il y a environ 50 000 ans. Ces tortues longues de 2,50 mètres étaient pourtant des proies faciles pour les prédateurs. Leur tête étant ornées de 2 grandes cornes (1 de chaque côté), il était impossible pour ces tortues de rentrer leur tête entièrement dans leur carapace.
La disparition de la Mégafaune
La façon dont la mégafaune de Sahul s’est éteinte ne fait pas l’unanimité. Depuis 1831, date à laquelle l’anatomiste Sir Richard Owen a reçu des fossiles de mégafaune de Wellington Cave (NSW), les spéculations font bon train. 10 ans plus tard, des fossiles ont également été trouvés à Darling Downs dans le Queensland.
Plusieurs hypothèses sont avancées par les chercheurs afin d’expliquer la disparition de ces gigantesques animaux. Évidemment, la plus plausible implique les actions de l’Homme.
La cause humaine
Les premiers aborigènes ont vécu pendant 5 000 ans en cohabitation avec la mégafaune.
L’homme utilisait beaucoup le feu que ce soit pour se chauffer, pour se nourrir en cuisant la viande chassée, mais également pour se déplacer, repousser des prédateurs ou encore pour l’utilisation de plantes comestibles.
L’homme aurait chassé ces animaux anciens dans le but de nourrir sa tribu. À cette époque, les espèces se reproduisent beaucoup plus lentement. De ce fait, plus les proies choisies étaient jeunes, plus la disparition voire l’extinction des espèces se faisaient rapidement. En outre, avec la multiplication des feux, la flore s’est modifiée ne laissant place qu’à certaines espèces de végétaux. Le bouleversement des habitudes alimentaires aurait ainsi perturbé plusieurs espèces animales dont le Genyornis connu pour son régime alimentaire très particulier. Les herbivores auraient succombé les premiers, laissant les carnivores de plus en plus vulnérables.
Le changement climatique
Au regard des récentes découvertes, l’hypothèse qui établie que la mégafaune doit sa disparition au changement climatique s’amenuise petit à petit. En effet, l’ère glaciaire aurait entraîné d’importants changements climatiques. Ainsi, les espèces de la mégafaune, jusque là habituées à un climat aride, n’auraient pas survécu à une telle différence de températures. Néanmoins, des études prouvent que ces animaux ont déjà été confrontés à d’autres périodes glaciaires autrefois et qu’elles y ont survécus avec succès !
Les récentes découvertes sur la mégafaune
La mégafaune est un sujet qui passionne. De nombreux scientifiques se sont intéressés à ces espèces particulières et l’étudient encore aujourd’hui. Ce qui intéresse ici ce sont les causes de sa disparition, encore sujet de nombreux débats. D’ailleurs, une multitude d’articles ont récemment été publiés abordant ce sujet ancestral.
Dans des articles très intéressants, les chercheurs se sont penchés sur la cohabitation entre les hommes et la mégafaune. Pour résumer, ils affirment que leurs recherches étendent la période probable de chevauchement entre la mégafaune et l’homme à environ 50 000 ans. Elles apportent de nouvelles preuves contre la théorie selon laquelle les populations du Sahul ont provoqué l’extinction de la mégafaune. Retrouvez toutes les informations ICI.
D’autres études se sont penchées sur des fragments d’œufs. En effet, à partir des années 1980, les chercheurs ont trouvé des fragments de coquilles d’œufs, et plus rarement des œufs entiers, dans des dunes de sable dans les zones arides d’Australie.
Une partie des coquilles correspondait à des œufs pondus par des émeus, mais le reste appartenait à une mystérieuse espèce. Avec l’aide d’un logiciel d’Intelligence Artificielle, une équipe a résolu une controverse scientifique en prouvant que le Genyornis était bien l’oiseau qui a pondu ces œufs. Le Genyornis était un oiseau incapable de voler, mesurant entre 2 et 2,5 mètres, qui parcourait autrefois les plaines australienne. Les fragments de coquille d’œuf constituent une importante source de preuves sur cette créature disparue.
Certains des fragments de coquille ont 400 000 ans, tandis que les plus jeunes ont environ 50 000 ans. Des travaux antérieurs ont montré que certaines des coquilles d’œufs avaient été brûlées. Les tests scientifiques indiquent que les humains ont cuit les œufs pour les manger. La période où les coquilles de Genyornis disparaissent (il y a 50 000 ans) coïncide avec ce que l’on pense être la première arrivée des humains en Australie. Cette découverte soulève donc la possibilité que notre espèce ait contribué à son extinction.
Accès à l’article complet (en anglais) ICI.
Documentaire sur la Méga Faune en Australie
Crédits photo : Mick Hartley // Museum Victoria // Photobucket // E-monsite
J’en connais qui ont lu Sapiens 😉